2. Initiative REDD+ par le biais d’une collaboration multisectorielle

1.  Aperçu et caractéristiques de l’approche

Cette approche consiste à fournir une voie permettant de réduire les émissions de GES provenant des forêts et d’autres secteurs d’utilisation des terres par le biais d’une collaboration multisectorielle comprenant les principaux secteurs pertinents de la REDD+ tels que l’énergie, la propriété foncière, la planification de l’utilisation des terres, la planification démographique ainsi que l’agriculture et la foresterie. La mise en place d’un cadre de coordination au sein du gouvernement et la mise en place d’un comité de développement communautaire dans les villages locaux sont des plates-formes efficaces de mise en œuvre des politiques pour une collaboration multisectorielle lors de l’exécution des activités REDD+.

Mots-clés
Collaboration multisectorielle, Cadre de coordination, Groupes de travail thématiques, Comité de développement communautaire, Agroforesterie

2. Description du projet dont découle l’approche

2-1. Introduction

La République démocratique du Congo possède la plus grande superficie forestière parmi les pays du bassin du fleuve Congo et c’est la deuxième plus grande région de forêt tropicale humide au monde après l’Amazonie. Cependant, plus de 300 000 hectares de forêts seraient perdus chaque année à travers le pays en raison de l’exploitation forestière illégale et du développement minier.

Afin de consolider la capacité du pays à gérer ses ressources forestières de manière durable, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) a travaillé dans l’ancienne province du Bandundu de 2012 à 2017, notamment en établissant une cartographie des forêts et en élaborant des niveaux d’émission de référence pour les forêts pour servir de base à un système national de surveillance des forêts (NFMS).  À la suite de cela, un projet de mise en œuvre du NFMS et un travail portant sur un projet pilote REDD+ au niveau provincial visant à réduire la déforestation et la dégradation des forêts ciblant la province du Kwilu ont été menés depuis 2019.

Ce projet vise à élaborer un plan simple d’aménagement du territoire au niveau des villages en coordination avec le programme national d’aménagement du territoire et à mettre en œuvre des activités pilotes en promouvant l’agroforesterie dans le cadre d’un plan visant à promouvoir le stockage du carbone dans la savane, à réduire la  déforestation et  à promouvoir les efforts visant à améliorer la qualité de vie des populations locales.

2-2. Détails des mesures prises

  • Un cadre de coordination a été mis en place regroupant les départements techniques concernés tels que les ministères provinciaux de l’environnement, de l’agriculture et de l’aménagement du territoire.  Dans ce cadre, des groupes de travail thématiques ont été créés pour l’aménagement du territoire, la gestion des terres et la REDD+, etc.
  • Au sein des groupes de travail thématiques, une organisation des agriculteurs en comités de développement communautaire au niveau des villages a été mise en place.  Ils ont mis en œuvre l’agroforesterie sur des terres ciblées par les plans d’aménagement du territoire préparés dans le cadre de la coordination et ils ont planté des espèces d’arbres exotiques dans les zones de savane et des espèces d’arbres indigènes dans les forêts environnantes qui restaient.  La culture d’arbres fruitiers a également été menée pour améliorer la qualité de vie des populations.

Tout en mettant en œuvre les activités pilotes susmentionnées, le personnel technique concerné des groupes de travail thématiques a aidé les agriculteurs à sécuriser les droits d’utilisation des terres, à formuler des directives techniques pour mettre en œuvre l’agroforesterie et à fournir des conseils sur la culture des arbres fruitiers et les techniques de boisement pour les espèces d’arbres exotiques et indigènes.  

Semis prêts à être plantés dans une pépinière (photo: JICA)
Des populations locales rassemblées sur un site agroforestier (photo : JICA)

(Perspectives de durabilité)

  • Pour mettre en œuvre les activités de manière durable, il est essentiel de veiller à ce que le système du cadre de coordination des multiples intervenants ministériels soit maintenu et fonctionne efficacement.
  • En organisant les agriculteurs en comités de développement communautaire, on s’attend à ce que les agriculteurs accumulent des compétences et une expérience qui rendront les activités pilotes réalisables au niveau des villages.
  • Il est également important de souligner la collaboration avec d’autres programmes et projets qui seront mis en œuvre par d’autres partenaires techniques et financiers tels que la restauration des savanes dégradées, un programme d’aménagement du territoire et un programme de réforme de la propriété foncière.
  • Parallèlement au programme d’aménagement du territoire, l’initiative d’établir un plan conforme aux directives nationales d’aménagement du territoire doit être prise par les acteurs provinciaux et communautaires.   

3.  Analyse de l’approche

3-1. Impact

  • Si 5 000 hectares d’agroforesterie, comme prévu, sont réalisés dans le cadre du projet pilote, il devrait être possible de réduire la déforestation de 1 250 hectares, ce qui équivaut à une réduction de 758 000 tCO2, et de séquestrer 820 000 tCO2 par plantation, pour un total de 1 578 000 tCO2.  On s’attend également à une amélioration de 10 % des moyens de subsistance des populations de la province.
  • Grâce aux activités mises en œuvre dans le cadre de la coordination, on s’attend à ce que les représentants du gouvernement central des différents secteurs collaborent aux activités pilotes REDD+, améliorant ainsi la portée de l’organisation du gouvernement central à mettre en œuvre sa politique.

3-2.  Enseignements tirés

  • La multiplication des possibilités de communication entre les parties impliquées, aussi souvent que possible, est essentielle pour garantir le bon fonctionnement de telles approches.
  • L’évaluation à mi-parcours du FONAREDD a mis en évidence le degré élevé d’appropriation de certaines communautés.  Cela est dû aux initiatives répétées de formation et de sensibilisation menées par le personnel du projet et les agents des services techniques en lien.
  • Grâce aux efforts déployés, les membres du CLD sont bien conscients de l’importance de leurs activités, qui contribuent à créer une cohésion sociale de la communauté et des initiatives solidaires d’entraide.
Vue du ciel du site de conservation de la forêt (photo : JICA)
Maïs sur le site agroforestier (photo : JICA)

4. Informations pertinentes

 Catégorie d’approche NbS1-2. 2
Intitulé du projet dont découle l’approcheProjet d’opérationnalisation du système national de surveillance des forêts et projet pilote REDD+ (Initiative pour la Forêt de l’Afrique centrale (CAFI), Programme intégré REDD+ dans la province du Kwilu), République démocratique du Congo
PaysRépublique démocratique du Congo
BiomeTropical
Période de mise en œuvre21 avril 2019 – 20 avril 2024
Organismes de mise en œuvreMinistère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD), Gouvernement provincial du Kwilu
Organismes de soutienAgence japonaise de coopération internationale (JICA), Association japonaise de technologie forestière (JAFTA)
Rapport(s)/Outil(s)/Lignes directricesGuide d’interprétation de la couverture forestière et terrestre, Manuel d’assurance et de contrôle qualité de l’inventaire forestier, Lignes directrices du projet REDD+ dans la province de Kwilu
Contributeur(s) à cet articleShu Mizushina /JAFTA