8. Gestion participative de la faune sauvage axée sur les données

1. Aperçu et caractéristiques de l’approche

Basée sur une étude écologique de la faune sauvage et des études sur les activités de chasse des habitants, cette approche examine les méthodes de surveillance de la faune, dans lesquelles les populations locales peuvent travailler de manière proactive et quotidienne pour améliorer la gestion durable de la faune, se conformer aux réglementations gouvernementales et maintenir leurs activités quotidiennes.

Le comptage du nombre d’animaux chassés par les habitants et la prise de conscience des effets de la chasse sur les populations animales devraient permettre aux habitants de prendre conscience de l’impact de la chasse. Une fois que cela sera possible, des pratiques de gestion de la faune, comme l’ajustement de la quantité d’animaux chassés en réponse à la pression de la chasse, seront établies et contribueront à encourager la gestion durable de la faune dans toute la région.

Mots-clés
Gestion de la faune, Méthode de piégeage par caméra, Connaissances autochtones

2. Description du projet dont découle l’approche

2-1. Introduction

Environ 40% du Cameroun est couvert de forêts et abrite des mammifères menacés comme les gorilles, les chimpanzés et les éléphants de forêt d’Afrique. Le gouvernement camerounais s’efforce de protéger la faune et de gérer ses ressources forestières tropicales de manière durable en créant des parcs nationaux. Les personnes vivant à proximité des parcs dépendent des ressources forestières pour combler une grande partie de leurs besoins alimentaires, énergétiques et autres. La viande de brousse est une source importante de protéines et un moyen de subsistance, mais la chasse pratiquée par les habitants pour leur consommation personnelle est soumise au contrôle du gouvernement, ce qui pourrait entraver leurs moyens de subsistance. Pour éviter les conflits entre les populations locales et le gouvernement, la nécessité d’envisager des mesures pour l’utilisation durable de la faune basées sur des données collectées avec la participation des populations locales a été soulignée.

2-2. Détails des mesures prises

  • Pour comprendre la composition de la population de gibier, la méthode de piégeage par caméra a été utilisée pour estimer la répartition, la densité et les profils d’activité des animaux. Des études sur les céphalophes (petites espèces d’antilopes), principales espèces de gibier chassées par les populations locales, ont été menées à l’aide d’une combinaison de pièges photographiques automatiques et d’observations directes, après quoi les résultats ont été comparés. Par conséquent, la méthode de piégeage par caméra s’est révélée efficace et précise.
  • Pour estimer efficacement la densité du gibier par la méthode de piégeage par caméra, un manuel a été élaboré, comprenant des informations sur le nombre de caméras à installer, la durée de la mise en place du matériel, le personnel et le temps requis pour l’installation, ainsi qu’une modélisation statistique afin d’analyser les vidéos enregistrées. Il est essentiel d’acquérir les connaissances des populations locales dites autochtones lors de la préparation du manuel, en particulier en ce qui concerne les informations sur l’emplacement et le moment de l’installation des caméras. Le manuel était destiné à être utilisé par les agents locaux et les chercheurs qui mettaient en œuvre cette approche avec les habitants.
  • Afin d’examiner l’impact des activités humaines sur la population animale, l’emplacement des campements forestiers utilisés par les habitants, la nature et le moment de leurs activités dans les campements ainsi que la trajectoire des sentiers forestiers ont été étudiés et des données sur l’utilisation de la forêt par les habitants ont été collectées. Selon ces données, les campements les plus fréquemment utilisés par les habitants étaient situés dans un parc national où la chasse était interdite et situés à environ 20 km de leur village. Leur but principal était de chasser et de cueillir des fruits et des fruits à coque, etc. L’emplacement des campements et la durée de leurs séjours variaient en fonction des animaux et des plantes ciblés et de la saison en question.
  • Les résultats de l’étude par le piégeage par caméra ont été examinés tout en tenant compte des résultats des données sur l’utilisation de la forêt par les habitants, afin de rechercher certains indicateurs pouvant être utilisés comme méthode de surveillance par les habitants. Il est apparu que le rapport entre le nombre de céphalophes rouges et bleus chassés (rapport R/B) dépendait de la pression de la chasse. La densité des grands céphalophe rouges (avec un poids corporel d’environ 15 kg) est faible autour des villages, tandis que les petits céphalophes bleus (avec un poids corporel d’environ 5 kg) ont des densités plus élevées. Plus on s’éloigne du village, plus la densité de céphalophes rouges est élevée et plus la densité de céphalophes bleus est faible. Ces tendances peuvent être attribuées à la forte pression de la chasse autour des villages, qui a modifié la composition de la faune et entraîné la diminution des proies. En conséquence, le ratio R/B, obtenu en comptant le nombre de céphalophes rouges et bleus chassés par les populations locales, permettrait aux habitants d’évaluer facilement l’impact de la pression qu’ils exercent par la chasse.
  • Pour suivre les populations de faune sauvage avec la participation des populations locales, il est préférable d’utiliser des indicateurs obtenus par le suivi des activités quotidiennes des populations locales. Le ratio R/B obtenu ici est un indicateur de suivi adéquat car il utilise le nombre d’animaux chassés, tel qu’obtenu à partir des activités de chasse quotidiennes des habitants.
  • Pour gérer la faune sauvage de manière durable à l’aide des indicateurs (ratio R/B) présentés ici, il convient de prendre en compte les points suivants :
    1) Créer des critères de prise de décision, tels que l’ajustement de la pression de la chasse à l’aide des indicateurs obtenus ;
    2) Options pour restreindre les méthodes de chasse et établir des zones d’interdiction de chasse en fonction des objectifs de gestion ;
    3) les parties prenantes qui devraient participer à la mise en œuvre des activités de gestion ;

(Perspectives sur la durabilité)

Grâce au développement des ressources humaines, certains chercheurs camerounais ont appris la méthode de piégeage photographique et sont devenus capables de mettre en place des pièges par caméra et d’estimer la densité de la faune.

3. Analyse de l’approche

3-1. Impacts

Il est nécessaire d’assurer une participation locale active lors de la mise en place d’une gestion centrée sur les populations locales. Comme mentionné ci-dessus, il est apparu que le rapport R/B pouvait être utilisé comme indicateur pour estimer la densité des céphalophes. Par conséquent, les activités de chasse routinières des habitants peuvent faire partie des activités de suivi et il sera alors possible pour les habitants d’expliquer les options de gestion aux autorités de gestion de la faune sur la base des données.

3-2. Enseignements tirés

Les populations locales peuvent jouer un rôle clé dans la gestion de la faune dès lors qu’ils reconnaissent l’utilité des données de chasse et la manière d’utiliser ces données. Pour mettre en place un système de gestion durable de la faune, il est nécessaire que les responsables administratifs reconnaissent le rôle des populations locales et les aident à participer au processus de gestion.

4. Informations pertinentes

Catégorie d’approche NbS2-2. 8
Intitulé du projet dont découle l’approcheCo-création d’une gestion innovante des ressources forestières par l’intégration des connaissances des populations autochtones et des méthodes écologiques
PaysRépublique du Cameroun
BiomeTropical
Période de mise en œuvre15 juillet 2018 – 04 juillet 2023
Organismes de mise en œuvreMinistère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MINRESI), Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), Université de Dschang, Université de Douala, Université de Yaoundé
Organismes de soutienAgence japonaise de coopération internationale (JICA), Agence japonaise pour la science et la technologie (JST), Centre d’études régionales africaines de l’Université de Kyoto
Rapport(s)/Outil(s)/Ligne directriceMéthodologie du piégeage par caméra pour l’estimation de la densité de la faune avec le modèle REST – Manuel axé sur les mammifères de la forêt tropicale
Contributeur(s) à cet articleYasuhisa TANAKA, Junichiro MATSUMOTO/ Association japonaise de technologie forestière (JAFTA)