15. Mesures contre la dégradation des terres en régions arides et semi-arides

1. Aperçu de l’approche et caractéristiques

Cette approche implique des activités pilotes dans le cadre desquelles les agents forestiers et les villageois apprennent des techniques permettant de s’attaquer aux problèmes de pauvreté dans les zones où la déforestation et la dégradation des terres sont importantes, puis travaillent à contrôler la dégradation des terres et à promouvoir une utilisation efficace des terres.

L’approche comprend les deux piliers suivants :
[Développement et amélioration des techniques applicables]
Les habitants de chaque village doivent prendre l’initiative de s’attaquer à la dégradation des terres à l’échelle de l’État. En conséquence, l’approche a identifié des techniques utiles et applicables pour les villageois locaux afin de contrôler la dégradation des terres et de promouvoir une utilisation efficace des terres, tout en tenant compte des types de dégradation.

[Développement d’un système de diffusion des techniques et mesures applicables]
Parmi les départements administratifs de l’État, le secteur de l’éducation forme un réseau complet reliant chaque village. La volonté des villageois, en tant que principales parties prenantes de la mise en œuvre des activités, a été relativement bien communiquée à l’exécutif au niveau de l’État via le réseau du secteur de l’éducation. En réponse à leurs demandes, le pouvoir exécutif de l’État a fourni un soutien matériel et financier, ainsi qu’une assistance technique à partir des antennes des départements des Forêts et de l’Agriculture de l’État.
Cette approche s’est appuyée sur ces réseaux du secteur de l’éducation pour fournir un soutien technique et financier aux activités des villageois, ce qui a permis la diffusion des techniques et des méthodes.
Ce système de diffusion est appelé AVLOS (Actions Vertes Locales et Scolaires).
(Voir section 2-2)

Mots-clés
Dégradation des terres, érosion hydrique, fertilité des sols, participation du secteur de l’éducation

2. Description du projet à l’origine de cette approche

2-1. Introduction

Érosion hydrique (photo : JICA)

Les principaux problèmes au Sénégal sont l’expansion des prairies improductives, la salinisation et la dégradation des terres agricoles, qui finissent toutes par appauvrir les agriculteurs. En réponse, le gouvernement sénégalais a demandé un renforcement des capacités des agents forestiers et des villageois pour contrôler la dégradation des terres et promouvoir une utilisation efficace des terres. La JICA a également lancé un projet de coopération technique intitulé « Projet de renforcement des capacités pour le contrôle de la dégradation des terres et la promotion de leur valorisation dans les zones de sols dégradés » en mars 2011.

2-2. Détails des mesures prises

  • Dans les régions de Fatick et Kaolack en République du Sénégal, où le projet a été mis en œuvre, 100 villages où la dégradation des terres progressait de manière significative et devait être traitée ont été sélectionnés comme zones prioritaires et 20 ont été choisis comme sites pilotes dans lesquels mettre en œuvre des activités pilotes.
  • Les experts de la JICA et les agents forestiers ont examiné la littérature et les réalisations des projets mis en œuvre précédemment afin d’identifier les techniques de contrôle de la dégradation des terres et les techniques de promotion d’une utilisation efficace des terres qu’il serait possible d’appliquer au niveau local. Des consultations ont également été menées auprès des villageois des sites pilotes afin d’obtenir leur accord pour une combinaison de techniques adaptées à la région. Les techniques identifiées ont ensuite été organisées en fonction des types de dégradation des terres, à savoir l’érosion hydrique, l’érosion éolienne, les dommages causés par le sel et la perte de fertilité des sols.
  • Par conséquent, les techniques appropriées aux situations des zones pilotes ont été identifiées et les activités pilotes ont été déterminées comme suit :
    • Contrôle de l’érosion hydrique : mesures visant à empêcher le ruissellement des sols à l’aide de travaux de génie civil avec des cadres en bois, des sacs de sable et des pierres, et culture en courbes de niveau de céréales multiples (millet et niébé).
    • Amélioration de la fertilité des sols : production de compost par l’épandage de fumier de bétail, de résidus de céréales et d’excréments provenant des toilettes des habitants (toilettes ECOSAN [assainissement écologique]).
    • Boisement/agroforesterie : brise-vent, restauration de la végétation, introduction d’espèces tolérantes au sel, élevage de jeunes plants.
    • Amélioration des moyens de subsistance : plantation d’eucalyptus comme matériau de construction et d’arbres fruitiers (manguiers, anacardiers), culture de légumes.
  • Les experts de la JICA ont travaillé avec les agents forestiers pour organiser les résultats des activités pilotes et ont préparé un manuel technique et un catalogue.
  • Les experts de la JICA et les agents forestiers ont travaillé avec le secteur de l’éducation pour développer une approche centrée sur les « Actions Vertes Locales et Scolaires (AVLOS) » afin de diffuser des informations techniques et d’autres aides dans toute la région. Au sein de cette structure de diffusion, les rôles des parties impliquées ont été clarifiés.
    • Dans chaque village, les groupes de villageois sont les principaux acteurs de la mise en œuvre des activités de lutte contre la dégradation des terres. Les villageois et les enseignants sont reliés par un réseau local centré sur l’école.
    • Le pouvoir exécutif régional et les avant-postes régionaux, tels que les départements des Forêts ou de l’Agriculture, fourniront respectivement un soutien financier matériel et des conseils et orientations techniques.
    • La volonté des groupes de villageois de mettre en œuvre des activités est communiquée du village au niveau régional et provincial via un réseau éducatif. La volonté des villageois qui atteint le niveau provincial est transmise aux avant-postes provinciaux et aux gouvernements locaux, qui leur apportent alors le soutien nécessaire.
Construction de barrières en pierre (photo : JICA)
Production de légumes (photo : JICA)
Pépinière villageoise (photo : JICA)
Reforestation dans un champ de céréales (photo : JICA)

(Perspectives de durabilité)

  • La mise en œuvre de techniques simples que les villageois locaux, en tant qu’entités d’exécution, peuvent appliquer et l’augmentation des possibilités de conseils techniques sur place par les agents forestiers grâce à l’approche AVLOS ont favorisé la diffusion de ces techniques.
  • La durabilité de la plantation d’eucalyptus est sous-tendue par la prise de conscience des villageois des avantages de la plantation pour la protection de leur village contre la salinisation et le vent, qui a eu lieu après la sensibilisation de la population locale, ainsi que par leur réalisation que l’exploitation de l’eucalyptus serait rentable.

3. Analyse de l’approche

3-1. Impact

[Réalisations en matière de diffusion des techniques de lutte contre la dégradation des terres]

  • Parmi les 100 villages désignés par le projet comme zones prioritaires, un pourcentage élevé (81 %) avait adopté et utilisé des techniques de contrôle de la dégradation des terres. Ce résultat montre que l’approche de vulgarisation AVLOS pourrait efficacement diffuser ailleurs les techniques adoptées dans les sites pilotes.
  • Six (6) ans après la fin du projet, la plantation d’eucalyptus se poursuit, soutenue par la prise de conscience des villageois de ses avantages. Les techniques de bandes de pierre et de bandes encadrées restent également utilisées comme moyens de protection des champs et des villages contre le vent.

[Améliorer la fertilité des sols en utilisant les déchets humains]

  • En appliquant du compost provenant de déchets humains (via les toilettes ECOSAN), les rendements de laitue et de millet ont augmenté respectivement de 2,6 fois et de 1,3 à 1,6 fois.
  • Faire comprendre les avantages de cette technique qui utilise des déchets humains s’est avéré un défi majeur, étant donné le contexte culturel et religieux des résidents. Cependant, grâce à des séances de formation et de sensibilisation, les utilisateurs ont fini par comprendre les avantages et accepter les techniques. Cette approche a permis d’obtenir des résultats remarquables en matière de transformation des comportements.

3-2. Leçons apprises

  • La mise en place d’un système de diffusion a été la clé de cette approche. Les experts de la JICA ont visité les départements des Forêts et de l’Éducation, avec lesquels les contacts avaient été limités auparavant, et ont passé suffisamment de temps à dialoguer pour obtenir leur compréhension. En conséquence, les organisations concernées sont parvenues à un consensus et les résultats de cette approche ont été bien accueillis.
  • Pour créer une relation de travail solide avec les autres secteurs pour la mise en œuvre de l’approche, toutes les parties impliquées dans chaque domaine doivent reconnaître leurs rôles respectifs et assumer leurs responsabilités respectives. Par exemple, dans le cas de ce projet, les secteurs forestier et agricole étaient des conseillers techniques, le gouvernement local était le soutien financier et le secteur éducatif était le médiateur.
  • Les avantages économiques étaient l’un des facteurs clés de la durabilité et de la façon dont les techniques ont été diffusées avec cette approche. La prise de conscience par les villageois des avantages économiques et environnementaux a contribué à la poursuite de la plantation d’eucalyptus, tandis que les informations détaillées sur les toilettes ECOSAN n’ont pas été largement diffusées en raison du coût de leur installation, bien que les villageois aient pris conscience de leurs avantages environnementaux, agricoles et hygiéniques.

4. Informations pertinentes

Catégorie de l’approche NbS3-2. 15
Titre du projet dont découle l’approcheProjet de renforcement des capacités pour le contrôle de la dégradation des terres et la promotion de leur valorisation dans les zones de sols dégradés
PaysRépublique du Sénégal
BiomeSavane
Période de mise en œuvre03/2011‐03/2016
Organisations chargées de la mise en œuvreCommission des Forêts, de la Chasse et de la Conservation des sols du ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature.
Organisations de soutienAgence japonaise de coopération internationale (JICA), Earth and Human Corporation
Rapports/Outils/Lignes directricesRapport Final : Projet de renforcement des capacités pour le contrôle de la dégradation des terres et la promotion de leur valorisation dans les zones de sols dégradés  

(Les documents présentés ci-dessous sont inclus dans le rapport ci-dessus)
– MANUEL TECHNIQUE SUR LES OUVRAGES DE DIGUETTE EN CADRE
– Manuel du Caisson de Compost du CODEVAL
– LUTTE CONTRE LA DÉGRADATION DES TERRES ET LEUR VALORISATION -GUIDE PRATIQUE-
– Techniques et mesures de lutte contre la dégradation des terres et de promotion d’un meilleur avenir dans le monde rural
– GUIDE D’UTILISATION DES OUTILS DE SENSIBILISATION <<SARAR/CODEVAL>> Contrôle participatif de la dégradation des terres et la promotion de leur valorisation
– PLAN DÉTAILLÉ DE LA LATRINE VIETNAMIENNE
Contributeurs de cet articleYasuhisa Tanaka/Association japonaise de technologie forestière (JAFTA)