16. Cadre de gestion durable des terres de nouvelle génération qui intègre les travaux de prévention de l’érosion des sols, la productivité des terres et les moyens de subsistance des communautés locales

1. Aperçu de l’approche et caractéristiques

Cette approche vise à développer un nouveau cadre de gestion durable des terres (GDT) qui intègre et promeut les efforts visant à prévenir l’érosion des sols, à améliorer la productivité des terres et à renforcer la qualité de vie des communautés locales en liant recherche et développement.

Le nouveau cadre de GDT comprend (i) les technologies de GDT pour prévenir l’érosion des sols et augmenter la productivité des terres et (ii) les approches pour disséminer ces technologies de GDT, et synthétise les deux pour les utilisateurs finaux sous la forme d’une note d’orientation ou de lignes directrices.

Création d’une nouvelle valeur scientifique dans les technologies de GDT : Bien que la GDT ait été largement mise en œuvre dans le monde entier pour lutter contre la désertification, il reste à vérifier scientifiquement qu’elle est durable et efficace de manière intégrée. Cette approche a permis de consolider la valeur scientifique des technologies de GDT telles que les techniques de prévention de l’érosion des sols, l’amélioration des systèmes d’alimentation et des espèces fourragères sur les pâturages, les activités génératrices de revenus et une approche innovante pour accroître la participation des agriculteurs aux activités de GDT.

Développement d’un cadre intégré de GDT et transposition à plus grande échelle par le biais d’une extension généralisée : Cette approche a permis d’intégrer les résultats des recherches individuelles pour créer les lignes directrices et la note d’orientation de GDT de nouvelle génération. Elle a également favorisé la dynamique des discussions sur la transposition à plus grande échelle par le biais d’une extension généralisée parmi les parties prenantes, le dialogue avec les responsables gouvernementaux et les autres partenaires de développement concernés. Dans le cadre de ces efforts, un accord de partenariat entre les principales parties prenantes avec des rôles et responsabilités clairs est en cours de discussion et de préparation pour la mise en œuvre.

Mots-clés
Gestion durable des terres (GDT), érosion des sols, productivité des terres, moyens de subsistance, développement fondé sur des données probantes

2. Description du projet à l’origine de cette approche

2-1. Introduction

La dégradation des ressources naturelles (terres, eau et végétation) est le problème environnemental le plus grave en Éthiopie, la dégradation des terres causée par l’érosion hydrique étant l’élément le plus alarmant.

En Afrique subsaharienne, l’Éthiopie est considérée comme l’un des pays les plus touchés par la dégradation des sols, principalement due à l’érosion. Actuellement, environ 300 000 hectares seraient touchés chaque année, et environ 1,5 milliard de tonnes de sols seraient érodées dans tout le pays. Si ces pertes de sol considérables se poursuivent de manière continue, les hauts plateaux éthiopiens pourraient perdre la quasi-totalité de leur couche arable d’ici un siècle.

Érosion des sols
dans la région du Nil Bleu
(Source : JST)

Les causes sont multiples : méthodes de culture traditionnelles, choix limité de technologies de gestion durable des terres (GDT), modèles historiques et changeants de propriété foncière et investissements limités dans l’agriculture et l’élevage. L’effet dégradant de ces causes d’origine humaine est encore exacerbé par des facteurs naturels tels que la topographie abrupte et les précipitations érosives.

C’est dans ce contexte que le projet intitulé « Développement d’un cadre de gestion durable des terres de nouvelle génération pour combattre la désertification » est né ; il vise un modèle éthiopien de GDT censé améliorer le taux d’acceptation et la durabilité des interventions en intégrant les aspects économiques, sociaux et environnementaux.

3-2. Détails des mesures prises

L’objectif du projet de recherche est de proposer un cadre de GDT de nouvelle génération comprenant (i) des technologies de GDT pour réduire l’érosion des sols et améliorer la productivité des terres, tout en amorçant simultanément l’autonomisation socio-économique des femmes et des jeunes et (ii) des approches de GDT pour diffuser ces technologies de GDT avec quatre résultats spécifiques :

  1. Une réduction de l’érosion des sols par l’amélioration des méthodes d’évaluation et de contrôle de l’érosion des sols
    • Développement (1) d’un système de surveillance de l’érosion des sols abordable et précis, (2) d’un cadre d’évaluation de l’érosion des sols et (3) de techniques de prévention de l’érosion des sols
      • Expérimentation sur l’espacement optimal des digues
  2. Un accroissement de la productivité des terres par l’harmonisation des cultures et des élevages
    • Développement (1) d’une gestion globale de la fertilité des sols et maintien de méthodes de travail réduit du sol sur les terres arables, (2) d’un système d’alimentation et d’espèces fourragères améliorées dans les pâturages et (3) de techniques de restauration des terres pour les collines dégradées
      • Expérimentation pour déterminer l’efficacité des amendements de sol à l’aide de polyacrylamide (PAM), de chaux, de gypse, de biochar et de fumier.
  3. L’amélioration des moyens de subsistance des agriculteurs par l’autonomisation économique et sociale
    • Élucidation de la structure socio-économique et des causes de la pauvreté
    • Développement (1) d’une activité génératrice de revenus et (2) d’une approche innovante pour accroître la participation des agriculteurs aux activités de GDT
  4. Le développement de technologies et d’une approche de gestion intégrée des bassins versants
    • Élaboration (1) de plusieurs scénarios de développement futur des bassins versants, (2) d’une approche de GDT par la mise en place d’une plateforme d’innovation et (3) de lignes directrices et d’une note d’orientation de GDT de nouvelle génération
      • Modélisation de l’impact des pratiques de gestion des bassins versants sur l’écoulement et l’érosion des sols
      • Diffusion d’une pratique efficace d’utilisation des amendements de sol (c.-à-d. PAM plus chaux) lors de la journée des agriculteurs
      • Des institutions de recherche telles que l’université de Baher Dar et l’institut régional de recherche agricole d’Amhara, ainsi que des agences d’administration agricole telles que le bureau de l’agriculture d’Amhara, ont mutuellement convenu d’un « partenariat régional de gestion durable des terres (GDT) basé sur la recherche » afin de garantir que l’approche reste durable et d’atteindre les objectifs suivants :
        1. Échanger sur les progrès et les résultats de la recherche et des activités afin de construire une compréhension commune des questions clés.
        2. Planifier, examiner et surveiller les activités conjointes ou les projets/programmes en cours.
Expérience sur l’espacement optimal des digues
Parcelles de ruissellement dans les terres cultivées
Expérience sur l’efficacité
des amendements de sol

C : Contrôle ; PAM : Polyacrylamide,
G : Gypse
Gestion des ravines à l’initiative de la communauté
Modélisation : impact des pratiques de gestion des bassins versants sur l’écoulement et l’érosion des sols
Démonstration sur place des effets du polyacrylamide lors de la journée des agriculteurs
(Source : équipe de recherche)

(Perspectives de durabilité)

  • Incitations économiques pour la communauté : De nombreux programmes de GDT en Éthiopie ont été mis en œuvre en partant de l’idée d’un soutien bénévole de la part de la communauté locale, ce qui a entravé la durabilité. À l’inverse, l’approche de ce projet met l’accent sur les efforts visant à inciter les communautés locales à améliorer la productivité agricole et les questions économiques touchant les personnes vulnérables.
  • Extension du nouveau cadre de GDT : Visant à assurer la durabilité des diverses activités dans le nouveau cadre de GDT, cette approche a tenté d’intégrer le nouveau cadre de GDT en Éthiopie en élaborant des lignes directrices et une note d’orientation et en assurant la coordination avec les parties prenantes nationales telles que le ministère de l’Agriculture et le coordinateur du programme national de GDT.
  • Un cadre pour le partenariat a été établi entre l’institution de recherche et l’organisme d’administration agricole.

3. Analyse de l’approche

3-1. Impact

  • Création d’un nouvel intérêt scientifique pour les méthodologies de GDT : Bien que la GDT soit largement mise en œuvre dans le monde entier comme moyen d’atténuer la désertification, son efficacité et sa durabilité n’ont pas été suffisamment vérifiées scientifiquement. Cette approche a permis d’étayer leur évaluation scientifique et leur amélioration. Elle a notamment contribué à créer un nouvel intérêt scientifique dans les méthodologies de GDT, y compris l’amélioration des pratiques culturales et agronomiques de la culture du teff, le principal aliment de base en Éthiopie, et l’amélioration des moyens de subsistance des habitants.
  • Espacement optimal des digues
    En tenant compte de l’ensemble des facteurs économiques, environnementaux et sociaux, on a considéré que l’installation de deux digues espacées de 12,7 m dans une parcelle d’étude de 30 m était optimale.
Efficacité des différents traitements d’espacement des digues de terre en termes de pourcentage de réduction du ruissellement et de la perte de sol (Simeneh et al., 2022)
  • Efficacité des amendements de sol
    Le PAM plus la chaux ont amélioré le pH du sol et la stabilité des agrégats, ce qui a permis de réduire le ruissellement et la perte de sol et d’augmenter la biomasse et le rendement des cultures.
    • Les amendements ont réduit la perte de sol de 13-53 % par rapport au contrôle (Kebede et al., 2021) et ont amélioré le rendement des cultures de 19-37 % (Mulualem et al., 2021).
Élevage laitier à Avagarima
  • Activités génératrices de revenus
    Le nombre de bénéficiaires de vaches laitières est passé de huit l’année précédente à 18 à Avagarima.
  • Développement d’un cadre intégré de GDT et stimulation de la dynamique pour son extension : Cette approche a permis d’intégrer les résultats des recherches individuelles pour créer les lignes directrices de GDT de nouvelle génération et une note d’orientation, tout en encourageant les discussions sur la transposition à plus grande échelle par le biais d’une extension généralisée parmi les parties prenantes, par le biais d’un dialogue avec les responsables gouvernementaux et autres.
    • Des plateformes d’innovation régionales ont été développées, y compris au niveau local, par le biais desquelles les résultats des recherches ainsi que les informations ont été partagés, démontrés et échangés avec les instituts et les agriculteurs locaux.

3-2. Leçons apprises

  • La clarification des responsabilités des institutions concernées et de la voie vers la mise en œuvre sociale (c’est-à-dire des mesures efficaces assorties de conditions et de mesures spécifiques) était cruciale pour développer et étendre le cadre de GDT de nouvelle génération.
  • En ce qui concerne le programme national de GDT existant, il était utile, non seulement de promouvoir la coopération pour la mise en œuvre sociale du nouveau cadre de GDT, mais aussi de consolider mutuellement cette coopération afin que les résultats et les fonds dudit programme puissent être utilisés dans les domaines cibles de ce projet de recherche.
  • La possibilité d’appliquer les résultats scientifiques aux pratiques agricoles réelles dépend de la collaboration des instituts régionaux liés à la GDT. Une structure de soutien en cycles continus est nécessaire, améliorant les connaissances scientifiques et la pratique réelle sur l’exploitation, avec une collaboration à plusieurs niveaux (même après le projet).
  • Il est essentiel que le développement et la planification de la GDT soient fondés sur des données probantes et que son cadre soit développé.
  • Un financement considérable est nécessaire pour diffuser à grande échelle les incitations économiques destinées aux agriculteurs (par exemple, la coopération vache laitière/exploitation agricole, etc.). Par conséquent, il était important de mettre en place un mécanisme permettant de garantir des fonds après la fin du projet en reflétant les résultats des recherches, tels que les incitations économiques, dans des politiques fondées sur des valeurs académiques.

4. Informations pertinentes

Catégorie de l’approche NbS3-2. 16
Titre du projet dont découle l’approcheDéveloppement d’un cadre de gestion durable des terres (GDT) de nouvelle génération pour lutter contre la désertification
PaysRépublique fédérale démocratique d’Éthiopie
BiomeZone sèche (bassin supérieur du Nil Bleu)
Période de mise en œuvre06/2016 – 03/2023
Organisations chargées de la mise en œuvreUniversité de Baher Dar, Université de Tottori, Université de Shimane, Université de Tokyo
Organisations de soutienAgence japonaise pour la science et la technologie (JST), Agence japonaise de coopération internationale (JICA)
Rapports/Outils/Lignes directricesListe des publications  (55 articles publiés en date de juillet 2022) Site web du projet
Contributeurs de cet articleTakuya Shiraishi, TEJIMA, Shigeharu/Oriental Consultants Global Co., Ltd.