14. Approche intégrée pour la diffusion de la foresterie communautaire à l’échelle nationale au Kenya – Synergie entre la formation pratique et le développement technique par le biais d’essais sylvicoles dans une forêt pilote –

1. Aperçu de l’approche et caractéristiques

Cette approche se concentre sur l’introduction et la diffusion de la foresterie communautaire, qui est une méthode d’approvisionnement en bois pour la consommation locale grâce à des pratiques sylvicoles qui ont lieu au niveau des communautés de base. Une série de sessions de formation des formateurs et l’encouragement de l’interaction entre les personnes impliquées dans le développement technique de la foresterie communautaire peuvent aider à diffuser les pratiques pertinentes à l’échelle nationale, afin de garantir des ressources forestières durables et de prévenir la déforestation au Kenya.

Comment cette approche peut-elle contribuer aux efforts de diffusion
de la foresterie communautaire à l’échelle nationale au Kenya
?

  • En évaluant les besoins de formation et en développant un programme de formation bien pensé dans la phase préparatoire : Un plan directeur de l’ensemble du programme doit être élaboré, en prenant en considération la diffusion de la foresterie communautaire à l’échelle nationale dès le début du projet.
  • En effectuant des essais de sylviculture dans la forêt pilote et en appliquant les leçons apprises à la formation : Le partenaire local peut améliorer sa capacité à former des formateurs et à développer des techniques et des méthodes pour promouvoir la foresterie communautaire.

Mots-clés
Diffusion de la foresterie communautaire, Formation des formateurs, Développement technique de la foresterie communautaire, Forêt pilote

2. Description du projet à l’origine de cette approche

2-1. Introduction

Au Kenya, l’explosion démographique a alimenté une demande intérieure croissante de bois, en particulier de bois de chauffage, et l’on estime qu’environ 19 000 hectares de terres forestières ont été perdus chaque année dans les années 80 et 90 en raison de l’exploitation forestière excessive. En réponse, le concept de foresterie sociale, aujourd’hui connu sous le nom de foresterie communautaire, est apparu comme une alternative à la foresterie traditionnelle qui n’avait pas réussi à répondre aux besoins urgents en bois et à assurer la durabilité des ressources forestières nationales.

La foresterie communautaire est une méthode d’approvisionnement en bois pour la consommation locale par le biais de pratiques sylvicoles mises en œuvre au niveau des communautés de base. Elle a le potentiel d’empêcher la poursuite de la déforestation si elle est mise en œuvre à l’échelle nationale au Kenya. Pour diffuser les connaissances et les méthodes à l’échelle du pays, les principales activités à mettre en œuvre sont (1) le développement et l’amélioration continue des pratiques de plantation forestière et de culture des semis, (2) la formation du personnel chargé de diffuser les connaissances et les techniques aux populations locales et (3) la diffusion par les stagiaires formés. Ces activités sont ensuite alignées pour générer une synergie dans le cadre des efforts visant à atteindre l’objectif d’« acquisition par les populations locales des compétences appropriées en matière de plantation d’arbres et de culture des semis », lors de l’introduction d’une activité forestière pilote dans l’ensemble du programme.

Le partenaire local de ce programme, l’Institut de recherche forestière du Kenya (KEFRI, Kenya Forestry Research Institute), a servi de plaque tournante pour la formation du personnel et le développement technique tout au long de la mise en œuvre du programme. Dès le début, le KEFRI a participé et appris à développer des techniques sylvicoles et à les diffuser de manière stratégique, aux côtés d’experts envoyés par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). Avant la phase principale, un projet préliminaire de deux ans intitulé « Projet de formation et de développement technique des pépinières pour la foresterie sociale au Kenya (phase préparatoire) » a été mis en œuvre afin de développer un plan directeur pour l’ensemble du programme de coopération, tout en tenant compte de la diffusion de la foresterie communautaire à l’échelle nationale.

2-2. Détails des mesures prises

  • Évaluation des besoins de formation et élaboration d’un plan de formation
    • Une enquête a été menée en vue de l’élaboration d’un plan de formation, ciblant 100 personnes, dont des cadres, des agents, des travailleurs de première ligne du Département des forêts (prédécesseur de l’actuel Service des forêts du Kenya) et des agriculteurs des communautés locales. Les résultats de l’enquête ont mis en évidence que le développement des ressources humaines était un facteur crucial pour la diffusion de la foresterie communautaire à l’échelle nationale.
    • Les techniques de culture des semis ont été développées pour les hauts plateaux et les terres semi-arides. Muguga a été spécifié comme une zone appropriée pour mettre en œuvre la formation pratique des techniques de semis pour les hauts plateaux et Kitui a également été spécifié comme un lieu approprié pour les terres semi-arides.
  • Organisation de conférences sur le concept de foresterie communautaire ainsi que sur son applicabilité aux politiques
    • Conférence pour le personnel de niveau supérieur et intermédiaire du Département des forêts (FD, Forest Department) :
      [Phase 1] 598 participants (26 sessions), [Phase 2] 325 participants (13 sessions)
    • Conférence pour le personnel de première ligne du FD :
      [Phase 1] 324 participants (12 sessions), [Phase 2] 325 participants (13 sessions)
  • Formation pratique sur les connaissances pratiques et fondamentales de la foresterie communautaire :
    • Formation pour les dirigeants communautaires et les enseignants :
      [Phase 1] 154 participants (7 sessions), [Phase 2] 525 participants (21 sessions)
    • Formation pour les agriculteurs et les femmes :
      [Phase 1] 230 participants (10 sessions), [Phase 2] 598 participants (23 sessions)
  • Réalisation d’essais de sylviculture dans la forêt pilote, combinée à une formation pratique
    • Développement et amélioration des techniques de foresterie communautaire, telles que :
      • Techniques de plantation d’arbres, notamment la préparation du sol, le moment de la plantation, l’espacement des plants, la taille des trous et le captage de l’eau
      • Techniques de pépinière, notamment les traitements de prégermination, la taille des pots, le couvert, les semis estampillés, les normes de pépinière, la coupe des racines, les traitements de durcissement, la propagation des nutriments et la lutte contre les maladies et les insectes
      • Production de semis pour les activités de diffusion
    • Diffusion des techniques de foresterie communautaire auprès des populations locales, telles que les traitements de prégermination, la coupe des racines et la lutte contre les maladies et les insectes, par :
      • L’incitation des populations à participer aux plantations d’essai, par exemple en fournissant des semis et en distribuant une brochure technique décrivant les techniques de plantation et de pépinière
      • La distribution de semis, en particulier à ceux qui ont eu des difficultés à en acheter, afin de les sensibiliser à la plantation d’arbres et aux pépinières
      • Des agriculteurs modèles ayant participé à une formation pratique et ayant appris les connaissances et les techniques de la foresterie communautaire de manière efficace

(Perspectives de durabilité)

  • Le projet a fourni au KEFRI, dont l’objectif principal était la recherche, l’occasion de reconsidérer son propre rôle dans la diffusion technique et d’acquérir un nouveau savoir-faire. Cela a permis au KEFRI d’étendre progressivement son champ d’action et de soutenir son développement organisationnel en tant qu’institution centrale pour la recherche forestière et la diffusion des résultats auprès de la population du Kenya. En fin de compte, le KEFRI a reconnu que la diffusion des connaissances et des techniques forestières était un élément clé de l’activité de recherche et s’est donc impliqué de manière proactive.
  • Le projet a permis au KEFRI d’impliquer plus facilement les autorités locales chargées de la mise en œuvre et de la diffusion de la foresterie communautaire sur le terrain (c’est-à-dire le FD) en organisant des sessions de formation technique où le KEFRI a servi de formateur et le FD de stagiaire. Cela les a aidés à développer leurs réseaux humains et à créer un élan pour la diffusion de la foresterie communautaire à l’échelle nationale au Kenya.
  • Il a été confirmé que les connaissances et les compétences acquises lors de cette formation sont toujours utilisées au niveau individuel et ont été mises à profi d dans de petites entreprises telles que la vente de semeuce.

3. Analyse de l’approchee

3-1. Impact

  • En comparant les résultats de l’enquête par questionnaire avant et après la formation des agriculteurs, ceux qui ont planté de 100 à 499 arbres ont augmenté de 15 % et le taux de survie de ces arbres s’est également amélioré de 16 %. De même, ceux qui ont planté 500 arbres ou plus ont augmenté de 17 % et le taux de survie a augmenté de 14 %.
  • Environ 80 % des stagiaires ont transmis à leur famille et à leurs voisins les connaissances et les techniques de foresterie communautaire acquises lors de la formation. Cet effet d’entraînement a contribué à l’objectif global de « garantir que les populations locales acquièrent des compétences appropriées en matière de plantation d’arbres et de culture de semis ».
  • L’amélioration de la sensibilisation à la foresterie communautaire après la mise en œuvre de ce programme a eu pour conséquence d’accroître la demande communautaire pour la conservation des forêts au Kenya et de réaffirmer la nécessité de renforcer les capacités du KEFRI. En réponse à cette demande, l’aide non remboursable accordée par la JICA pour améliorer les capacités de formation et les installations de recherche du KEFRI a été officiellement mise en œuvre.

3-2. Leçons apprises

  • Sélection des agriculteurs modèles : Les agriculteurs modèles étaient censés jouer un rôle de premier plan dans la diffusion durable des techniques de boisement et de pépinière (par exemple, les traitements de prégermination, la coupe des racines et la lutte contre les maladies et les insectes) au niveau du village. À la fin du projet, il était prévu que la foresterie communautaire continue d’être pratiquée au niveau local, sous la direction des agriculteurs modèles, afin d’atteindre l’objectif global de « doter les Kenyans ruraux de compétences appropriées liées aux arbres et à leur gestion ».
  • En prévision de ce rôle, une tentative a été faite pour sélectionner les agriculteurs modèles sur la base du taux de survie des arbres plantés, mais un taux de survie trop faible a rendu le respect des critères trop difficile. Par conséquent, les agriculteurs modèles ne devraient pas être sélectionnés principalement en fonction du succès ou de l’échec de leurs pratiques de foresterie communautaire (par exemple, le taux de survie des arbres plantés), car l’échec dans la pratique ne rend pas nécessairement la personne concernée inéligible comme agriculteur modèle en foresterie communautaire. Il est plutôt conseillé de sélectionner les agriculteurs modèles en fonction de leur volonté de participer à la foresterie communautaire ou de leur attitude positive à l’égard des pratiques.
  • Assurer la durabilité financière des activités du partenaire : Si le soutien financier du projet est souvent nécessaire jusqu’à ce que les candidats à la diffusion soient formés et que les systèmes soient en place, il est essentiel de s’assurer que des allocations budgétaires appropriées sont garanties pour les institutions responsables de la diffusion afin qu’elles puissent poursuivre leurs activités de diffusion de manière indépendante après la fin du projet.

4. Informations pertinentes

Catégorie de l’approche NbS3-2.14
Titre du projet dont découle l’approche・Projet de formation et de développement technique des pépinières pour la foresterie sociale au Kenya (phase préparatoire)
・Projet de formation en foresterie sociale (1re phase)
・Projet de formation en foresterie sociale (2e phase)
PaysRépublique du Kenya
BiomeTerres semi-arides, hauts plateaux
Période de mise en œuvre・Phase préparatoire: novembre 1985 – mars 1987
・1re phase: novembre 1987 – novembre 1992
・2e phase: novembre 1992 – novembre 1997
Organisations chargées de la mise en œuvreInstitut de recherche forestière du Kenya (KEFRI),
Département des forêts (FD)
Organisations de soutienAgence japonaise de coopération internationale (JICA)
Rapports/Outils/Lignes directrices・JICA, Un résumé des conclusions et des recommandations faites par l’équipe de consultation de la JICA sur le projet de formation et de développement technique des pépinières pour la foresterie sociale au Kenya, mai 1987.
・JICA, Rapport de l’enquête d’évaluation finale du projet de formation en foresterie sociale au Kenya (1re phase), octobre 1992.
・JICA, Rapport de l’enquête d’évaluation finale du projet de formation en foresterie sociale au Kenya (2e phase), mars 1998.
Contributeurs de cet articleKei Kawamura/Oriental Consultants Global
Leo Watanabe/Oriental Consultants Global