9. Activités de réduction des émissions par l’amélioration des méthodes de production agricole avec la participation des résidents locaux

1. Aperçu de l’approche et caractéristiques

Cette approche consiste à développer une initiative communautaire de réduction des émissions de GES dans les forêts en se concentrant sur le secteur agricole, principal moteur de la déforestation au Cameroun. Elle vise à la fois à préserver les forêts et à améliorer les moyens de subsistance locaux en rénovant les systèmes de production agricole. Compte tenu des utilisations concurrentes des terres, par exemple l’agriculture et la sylviculture, la rénovation du système de production agricole en vue de les cultiver sans aucune déforestation peut être un moyen efficace de freiner la déforestation et d’améliorer la production agricole.  

Mots-clés
Moteur de la déforestation, activités de réduction des émissions, culture sans déforestation, amélioration des moyens de subsistance

2. Description du projet à l’origine de cette approche

2-1. Introduction

Le Cameroun a travaillé sur des mesures contre le changement climatique et des activités de réduction des émissions (ARE) pour faire face à une vaste expansion de la déforestation et la dégradation des forêts en raison de l’augmentation des terres agricoles. Les efforts de réduction réalisés dans les secteurs agricole et forestier sont considérés comme des éléments clés de l’initiative globale de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Cameroun. Dans ce contexte, le gouvernement du Cameroun a demandé au Japon d’entreprendre un projet de coopération technique qui aiderait à renforcer les capacités des institutions concernées et à promouvoir la conservation des forêts en améliorant la capacité de gestion durable des forêts et en mettant en œuvre des plans de gestion durable des forêts au niveau de l’État. En réponse, un projet de coopération technique axé sur l’équilibre entre le développement agricole et la conservation des forêts a été lancé en 2019 pour la région du Centre, qui présente un taux de déforestation élevé en raison du développement agricole. Le projet contribuera à promouvoir des activités visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre des secteurs agricole et forestier en mettant en œuvre des projets pilotes.

[Objectifs de la mise en œuvre]
Les projets pilotes ont été menés par des groupes de villageois locaux dans deux catégories : « Groupe local » et « Organisation agricole communautaire ».
Au Cameroun, le groupe local de base s’appelle GIC (Groupe d’Initiative Commune) et est enregistré par la loi auprès du bureau du district. Les zones plus riches en raison de l’agriculture, quant à elles, ont une organisation agricole communautaire appelée SOCO (Société coopérative), qui comprend plusieurs groupes locaux dans la même zone. Elle est enregistrée auprès de la région et dispose de règles pour faciliter la communication avec chaque bureau de district et le gouvernement local.

Fig. Relations entre les groupes locaux et l’organisation agricole communautaire et le bureau de district, le gouvernement local

2-2. Détails des mesures prises

Les activités de réduction des émissions seront prises en compte dans les scénarios de réduction des émissions (SRE) de GES au niveau de l’État pour les secteurs agricole et forestier.
Les organisations communautaires locales (SOCO) ou les groupes locaux (GIC) mettent en œuvre des projets pilotes qui comprennent des activités de réduction des émissions (ARE) exemplaires.
Pour identifier les ARE conformes à cette approche, les facteurs de déforestation dans les régions cibles ont été étudiés. Sur la base des résultats, les ARE ont été adoptées, à condition que la faisabilité et l’efficacité de la mise en œuvre puissent être assurées. Les mesures spécifiques de mise en œuvre pour chaque activité sont les suivantes :

  1. Production de cacao sans aucune culture avec déforestation
    • Intensification des terres cultivées en augmentant la productivité du cacao
    • Améliorer la densité de la végétation en plantant et en laissant d’autres arbres
    • Culture et vente de plantain, de manioc et d’ignames qui poussent parmi les jeunes cacaoyers comme moyen de revenu pendant la phase juvénile du cacao
  2. Reboisement de la savane dégradée
    • Planter une combinaison d’espèces d’arbres hauts pour la fixation du carbone et comme espèces d’arbres utiles pour aider à améliorer les moyens de subsistance des résidents locaux
    • Pratiquer des techniques agroforestières à faible émission de carbone, comme la culture d’arbres avec des plantes de couverture et la culture intercalaire avec des légumineuses pour améliorer la fertilité du sol
Site de reboisement d’une savane dégradée (photo : JICA)
  1. Production de manioc visant à lutter contre la déforestation
    • Gérer les terres agricoles selon un plan approprié pour la rotation des cultures
  2. Réduction des émissions de GES grâce à l’agriculture basée sur le biochar
    • Application de biochar dans les zones cibles pour améliorer l’humidité du sol
Site d’application de biochar (photo : JICA)

(Perspectives de durabilité)
Au fur et à mesure que les résidents des communautés locales voient leurs moyens de subsistance s’améliorer grâce à l’augmentation de la production agricole, il est escompté que la structure organisationnelle locale soit renforcée par l’amélioration des revenus, permettant ainsi de maintenir des activités agricoles rénovées.

3. Analyse de l’approche

3-1. Impact

Les résultats des entretiens menés avec les parties prenantes montrent quelques signes positifs, comme indiqué ci-dessous :

(Point de vue des organisations agricoles communautaires)

  • L’utilisation de biochar peut aider à économiser sur les coûts des engrais, qui augmentent chaque année, et à améliorer nos moyens de subsistance.
  • L’application de biochar montre une régénération des sols et des rendements plus élevés sont attendus.
  • L’amélioration de l’agriculture rendra possible la culture sans déforestation.

(Point de vue des chefs de village de la communauté)

  • Les résidents locaux seront en mesure d’obtenir d’autres subventions grâce aux expériences du projet.
  • Les informations seront partagées plus facilement qu’auparavant avec le gouvernement.

3-2. Leçons apprises

Lors du choix des ARE, la condition agricole locale sera un indicateur, aidant à indiquer l’approche optimale de l’étude.
Il était escompté que tout projet pilote appliqué dans des zones de forte activité agricole soit efficace. Une grande efficacité a également été observée dans l’application de biochar et l’amélioration de la production de cacao en particulier. Dans ces zones, les organisations agricoles communautaires sont organisées et coopèrent avec le gouvernement local, ce qui permet d’obtenir plus facilement le soutien du gouvernement.
À l’inverse, dans les zones où les terres propices à l’agriculture sont rares et où les activités agricoles ne sont pas très actives, la plantation d’arbres sur des terres dégradées est considérée comme appropriée. Dans ces zones, les infrastructures sont sous-développées, les liens entre les différents groupes locaux sont faibles et le soutien de l’administration locale fait défaut. Par conséquent, l’intervention d’un facilitateur a été jugée nécessaire pour mettre en relation l’administration régionale et les groupes locaux.
Par conséquent, pour décider d’une approche pratique dans une zone cible, il faut clarifier la condition agricole actuelle ainsi que les liens entre les organisations locales et le gouvernement.

4. Informations pertinentes

Catégorie de l’approche NbS3-1. 9
Titre du projet dont découle l’approcheProjet de renforcement des capacités pour la gestion durable des écosystèmes forestiers en République du Cameroun
PaysRépublique du Cameroun
BiomeTropical
Période de mise en œuvre20 janvier 2019 – 19 janvier 2024
Organisations chargées de la mise en œuvreMinistère de l’Environnement, de la Conservation de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED), Ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF), Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT), Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER), Secrétariat Technique REDD+
Organisations de soutienAgence japonaise de coopération internationale (JICA), Association japonaise de technologie forestière (JAFTA)
Rapports/Outils/Lignes directrices
Contributeurs de cet articleHiroshi Sasakawa/JAFTA Chika Sasahara/JAFTA