17. Gestion intégrée des réserves forestières et de la zone tampon en collaboration avec les populations locales

1. Aperçu de l’approche et caractéristiques

Une étude a été menée pour élaborer une ligne directrice pour un plan de gestion participatif des réserves forestières ainsi que pour mettre en œuvre le zonage des terres afin de prévenir la déforestation et la dégradation des réserves forestières dans le cadre des efforts visant à lutter contre l’agriculture non durable et l’élevage de bétail dans le nord du Bénin.

Il a été prévu de créer une organisation des habitants pour organiser les activités de ces derniers dans les réserves forestières et de créer un fonds de gestion forestière pour couvrir les coûts de ces activités par l’intermédiaire de l’organisation des habitants. Le travail doit être financé par les revenus et les paiements provenant des activités des habitants qui sont réalisées dans les réserves forestières.

Mots-clés
Zonage, plan de gestion des réserves forestières, amélioration des moyens de subsistance, organisation des habitants, fonds de gestion forestière

2. Description du projet à l’origine de cette approche

2-1. Introduction

Au Bénin, la déforestation progresse rapidement en raison de l’expansion des terres agricoles, du brûlis, du surpâturage liés à la croissance démographique. Les réserves forestières sont des forêts domaniales qui sont censées fonctionner dans le respect de l’intérêt public, mais les populations locales y sont entrées et transforment ces réserves forestières en terres agricoles, en abattant et en exploitant ces terres pour le pâturage de manière non réglementée, ce qui a inévitablement entraîné la dégradation des réserves forestières. Le gouvernement du Bénin a promulgué la loi forestière en 1993, suivie d’une politique forestière en 1994, permettant aux habitants locaux d’utiliser les réserves forestières. Cette politique prévoit l’élaboration d’un plan de gestion forestière visant à harmoniser l’agriculture, l’élevage et la sylviculture et à encourager les populations locales à s’impliquer dans la gestion forestière. Ce programme de recherche consiste à étudier une méthode de gestion durable et à déployer des efforts pour formuler et mettre en œuvre un plan de gestion forestière ayant pour cible trois réserves forestières ainsi que leurs périphéries comme zone tampon dans le nord du Bénin. 

2-2. Détails des mesures prises

  • Étudier l’état actuel des forêts
  • Des cartes des sols et des cartes de distribution des forêts dans les réserves forestières ont été préparées par des experts de la JICA en collaboration avec des agents forestiers, sur la base de cartes topographiques, de cartes du peuplement forestier, de la composition des espèces d’arbres et d’autres données nécessaires à la formulation d’un Plan de gestion forestière.
  • Des ateliers ont été organisés pour expliquer l’idée du projet de plan et échanger des opinions avec les populations locales. Les résultats de l’étude et de l’atelier ont été intégrés dans la proposition du plan de gestion forestière.
Atelier réalisé dans un village (photo : JICA)
  • Élaboration du plan de gestion forestière
    • Les principaux problèmes relatifs au plan de gestion forestière sont les suivants : 1) la conservation des forêts dans les zones de sources d’eau, 2) l’amélioration de la productivité forestière, 3) la conversion de l’agriculture itinérante en agriculture permanente intensive et 4) le passage du pâturage non réglementé au pâturage intensif du bétail.
  • Les zones devaient être gérées selon les catégories de zonage suivantes:
    • 1) Zone Forêts
      (Forêts de conservation, Forêts de production)
      • 1-1) Les forêts de conservation doivent être protégées, en particulier pour protéger les sources d’eau, et l’exploitation forestière y est interdite de manière générale.
      • 1-2) Dans les forêts de production, l’exploitation forestière pour le bois d’œuvre et le bois de chauffage est autorisée.
    • 2) Zone forestière de village
        La zone forestière de village peut être utilisée par les populations locales pour cultiver la terre, l’apiculture, la production de charbon de bois et le prélèvement de bois de chauffage pour l’usage personnel.
    • 3) Zone sylvo-pastorale
         La zone sylvo-pastorale peut être utilisée pour créer des prairies artificielles et des pâturages d’élevage (bovins, ovins, caprins) dans la forêt.

    * Les forêts riveraines proches des rivières devaient être traitées comme des forêts de conservation à la fois dans la zone forestière du village et dans la zone sylvo-pastorale.
Plantation de Tectona grandis dans la forêt de production (photo : JICA)
Zone de régénération naturelle dans la zone sylvo-pastrale (photo : JICA)
  • Indiquer les limites des réserves forestières
    • Des bornes et des panneaux de délimitation ont été installés pour aider les populations locales à comprendre l’existence des réserves forestières.
Bornes de délimitation indiquant les limites de la réserve forestière (photo : JICA)
Panneau signalant la réserve forestière(photo : JICA)
  • Établissement des zones tampons
    • Des zones tampons ont été établies sur un périmètre de 7 km de la réserve forestière.  Dans la zone tampon, les populations sont libres de cultiver, de faire paître leurs bétails et de cueillir des fruits. L’agroforesterie est particulièrement recommandée. Les forêts riveraines dans les zones tampon doivent être traitées comme des forêts de conservation.
  • La réserve forestière est gérée et exploitée conformément au plan de gestion forestière
    • Une organisation résidente gère, exploite et entretient la réserve forestière en vertu d’un accord avec le Département des Forêts.
  • Création d’un fonds de gestion forestière
    • Un fonds de gestion forestière est créé en tant que ressource financière pour gérer le plan de gestion forestière de manière autonome.
    • Une partie des recettes provenant de la production de bois, de bois de chauffage et de fruits provenant des réserves forestières, ainsi que des redevances pour l’utilisation des pâturages, est utilisée pour financer le fonds de gestion forestière.
    • Le Fonds de gestion forestière est utilisé pour des projets de production de bois de chauffage et de charbon de bois menés par l’organisation résidente dans la réserve forestière et pour accorder de petits prêts aux habitants.

 (Perspectives de durabilité)

  • Les plans de gestion forestière sont élaborés et mis en œuvre en vertu d’un accord entre le Département des Forêts et les organisations communautaires. Étant donné que les populations sont les principaux acteurs du processus, les agents forestiers doivent leur enseigner les compétences nécessaires. En conséquence, au cours de l’étude, des experts japonais ont dispensé une formation pour transférer les compétences relatives aux éléments suivants aux agents forestiers par le biais d’ateliers de transfert technique, de formation en cours d’emploi et de formation au Japon.
    • Méthode de formulation du plan de gestion forestière
    • Méthode d’interprétation des photos aériennes
    • Méthode de surveillance des habitants locaux
    • Méthode de culture et de pâturage
      etc.

3. Analyse de l’approche

3-1. Impact

Étant donné que cette approche implique que les agents forestiers élaborent un plan de gestion forestière en collaboration avec les populations locales, ces derniers doivent comprendre pleinement le plan forestier et participer à sa mise en œuvre. Les agents forestiers ont travaillé avec les experts de la JICA pour préparer une proposition de plan de gestion forestière et, finalement, compléter le plan par le biais d’ateliers et d’autres dialogues et discussions menés avec la population locale. Grâce à ce processus, les agents forestiers ont été reconnus comme ayant acquis la capacité d’élaborer des plans de gestion forestière pour les réserves forestières avec la participation des habitants.

3-2. Leçons apprises

  • L’interprétation des photos aériennes a été utilisée pour concevoir des cartes du couvert forestier montrant la répartition des forêts. Lorsque le projet de plan de zonage a été présenté aux villageois lors d’un atelier destiné à leur expliquer le projet de plan de gestion forestière, ces cartes ont été très efficaces pour améliorer leur compréhension du plan, car elles leur ont donné une idée concrète de la situation locale. Cette approche a été reconnue comme F-PIC (Free and Prior Informed Consent) à l’époque et reste utile à ce jour comme moyen de promouvoir une approche impliquant les populations locales, même lorsque la photographie aérienne est remplacée par l’imagerie satellitaire.
  • Dans cette approche, les organisations résidentes sont responsables de la mise en œuvre du plan de gestion de la réserve forestière. Jusqu’à ce que les populations s’habituent au fonctionnement de ces organisations, il est conseillé qu’un expert technique du Département des forêts fournisse des orientations générales et des conseils aux organisations résidentes sur la façon de formuler et de mettre en œuvre des plans de travail et de collecter, gérer et distribuer les fonds de gestion forestière.

4. Informations pertinentes

Catégorie de l’approche NbS3-3. 17
Titre du projet dont découle l’approcheÉtude sur la cartographie, l’inventaire et la gestion des forêts classées dans la zone nord du Bénin
PaysRépublique du Bénin
BiomeSavane
Période de mise en œuvreOctobre 1998 – décembre 2000
Organismes chargées de la mise en œuvreDépartement des forêts, Ministère du Développement Rural, Centre National de Télédétection et de Surveillance du Couvert Forestier
Organisations de soutienAgence japonaise de coopération internationale (JICA), Japan Forest Technology Association (JAFTA), Sanyu Consultants, Aero Asahi Corporation
Rapports/outils/lignes directricesProjet rapport final: rapport principal,
Programme des travaux d’aménagement,
Directives de Gestion Forestière,
Contributeur de cet articleYasuhisa TANAKA /JAFTA